Après notre épisode Lola et, au regard des info collectées sur la PNG (Papouasie Nouvelle Guinée), nous décidons de changer nos plans. La période "El Nino" semble bien en place et le risque cyclonique est fort. De plus, les coins de tranquillité humaine ne sont pas légion sur la PNG et dormir enfermé dans le bateau avec le coupe-coupe sous l'oreiller ne nous emballe pas. Nous changeons de coin radicalement donc pour passer en Indonésie directement via le détroit de Torres. C'est la période limite pour le faire mais une belle fenêtre météo, caractéristique des transitions intersaisons, s'ouvre à nous.
Nous sautons sur Visa.com, dévalisons le mercado local et c'est parti. Faire l'appro pour 5 semaines quand la ressource locale est plus que limitée n'est pas simple, mais une fois encore Véro fera des miracles avec le frais entre autres.
Nous pensons faire une courte escale en Australie mais c'est encore des visas, des papiers... Nous ferons sans (les démarches) et prévoyons quand même une petite escapade clandestine dans la GBR (Great Barrier Reef) pour franchir le détroit pas son ancienne route (Raine Island puis Endeavoure Strait) au coeur de la barriere.
Le 31 Octobre 2023, nous nous élançons pour l'une de nos plus longue navigation : 3200 Milles ! (6000 Km)
Les conditions de navigations sont bonnes. les alizés qui ont été forts toute la saison faiblissent pour laisser place bientôt au régime d'été. Nous en profitons même si la mer reste forte. Le risque d'apparition d'un nouveau cyclone est important mais un ange gardien nous alertera au cas où et nous devrions pouvoir réagir suffisamment pour nous protèger. Notre moyenne nous permet d'atteindre l'Australie en 10 jours au lieu des 14 prévu. Un invité de dernière minute passera 24h avec nous histoire de se refaire une santé.
Nous entrons dans le lagon mythique. Rien à voir avec les Tuamotu et ses passes de 100 m de large ! Ici 5 milles de large, et nous sommes encore à 80 milles de la côte ! La pêche est bonne mais nous prenons garde de bien éviter les zones de réserve naturelle avec nos lignes.
Le plan d'eau devient calme alors que l'on ne voit aucune terre à l'horizon. Nous allons grenouiller quelques jours avec en point d'orgue le mouillage de Adolphus Island. On passerai bien 1 mois içi mais hélas l'hélicoptère de la "Australian Border Force" nous a repéré. Heureusement mon anglais radiophonique fait abdiquer l'officier et l'hélicoptère s'éloigne. Au prix de l'heure de vol, ils vont pas perdre de temps avec 2 beatnik frenchie. Une superbe fenêtre météo se confirme, la marée est bonne, le lendemain nous levons l'ancre à l'aube direction Bali.
Adieu Australie, océan Pacifique, mer de corail, en route pour l'océan indien et la mer d'Arafura dans un premier temps. Cap 270° ( plein Ouest), on va bien finir par le rattraper ce soleil. Nous y passons notre première nuit (nouvelle lune) sous une voute incroyable après un couché de soleil tout aussi remarquable. Le capitaine est content de cette petite escapade.
Les débuts sur Arafura sea sont impressionnant! 24h de navigation avec une profondeur de 15m d'eau, parfois 9! Une couleur indescriptible jamais rencontrée et un plan d'eau calme. Les prévisions météo sont idéales. Nous n'avons jamais reçu un fichier aussi vert depuis notre départ!
La progression sur la mer de Timor sera elle aussi très lente! Jamais plus de 10 noeuds de vent avec certaines journée carrément sans!
La faune locale ne manque pas une occasion de voyager à l'oeil et quelques spécimens viennent même pour la nuit. La terre la plus proche étant à plus de 300 km ! Nous aurons même un cancrelas volant qui viendra se suicider sur le pont un soir.
Le moral reste bon au début de la 4 eme semaine de mer, et nos bons petits plats y sont pour quelque chose.
Face à la persistance du calme, nous changeons nos plans une fois encore et mettons le cap sur le Timor pour refaire le plein de vivres frais. Un raccourcis de 500 Miles. La mer de Timor nous offre quelques superbes coucher de soleil. La tentation était grande de stopper chez les kangourous depuis Torres, mais en plus des tracasseries administratives célèbres sur ce continent, il faut ajouter la couche Aborigène avec ses formulaires, taxes et interdictions...On sature un peu.
Le 30 Novembre, Liberdade prend place dans le port de Kupang au milieu des quelques pêcheurs. Demain les formalités... en attendant, l'appel à la prière du soir monte doucement du minaret, suivi par les gongs du temple hindou et couronné par les cloches de l'église juste en face du port. Nous y sommes.
Cela restera, depuis notre départ, la navigation la plus longue et la plus tranquille - A refaire !