16 Mai 2023 9h : Go to Fidji : 1700 Milles soit 3200 km. On table sur 3 semaines
Jour 1 Nous quittons Tahaa par la passe NW, tranquillement. De magnifiques tubes de part et d'autre du passage nous saluent.
Le spi est envoyé direct, faut marquer le rythme. L'état du pavillon de courtoisie polynésien nous confirme qu'il est temps de partir.
Bora-bora nous salue dans le soleil couchant.
Jour 2 Orages et grains sont au rdv. C'est un peu instable et humide. Un petit oiseau vient retrouver des forces sur le pont en pleine nuit. Pas facile pour lui de réduire la voilure.
Jour 3 Comme souvent, un passager clandestin s'installe pour la nuit sur le beaupré (ici un fou à pieds rouges). On le retrouve au matin le plumage fraichement huilé et l'oeil vif, avant qu'il ne s'envole pour sa journée de pêche.
Jour 4 La routine s'installe. L'espace et le temps terriens n'existent plus.
Jour 5 Encore de la pétole, puis dans la nuit une petite brise... dans le nez !! cap au nord donc. La voute céleste est magnifique et madame la lune fait son timide retour.
Jour 6 La petite brise se maintient et tourne progressivement vers l'Est. Notre cap s'améliore. Le soleil domine sur un océan bien calme. Aucun déchet aperçu depuis le départ ! Un coucher de soleil rouge sang ce soir nous honore, et à 20h, comme indiqué dans le fichier météo de ce matin, le vent revient sur l'ESE. On reprend la route directe plein Ouest.
Jour 7 (et 1ère semaine) Le calme qui règne sur cette zone du Pacifique nous donne des moyennes journalières bien petites ! 50 miles au lieu des 100-110 habituels. Cela met aussi le matériel à rude épreuve car la grande houle reste présente et fait battre les voiles continuellement. Bling blang... Un des câbles (bas-hauban) qui retient le mât est en train de nous lâcher. les nerfs aussi souffrent.
La pêche ne donne rien non plus à cette vitesse! On tape dans les stocks.
Jour 8 Encore une nuit des plus calme. Ce matin la risée nous déhale doucement sur le bon cap (270°). On bricole : couture, entretien... et l'après midi sieste, lecture jusqu'à 16h au moins que la chaleur décline (air: 39°, eau : 31°). ça permet des douches sur le pont.
Jour 9-10 Ce matin encore, réveil sur un lac, mais la vacation de 9h nous donne un retour stable du vent (selon le fichier météo qui s'avère souvent plus pertinent sur le passé que sur le futur !). Une voile se dessine très loin à l'horizon, nous ne sommes donc pas seuls !! Vers 12h, nous croisons aussi notre première bouteille plastique. Vers 18h, au moment où le soleil va se reposer, un joli thon jaune d'au moins 19kg nous fait l'honneur de s'inviter. Hélas, le seigneur des lieux prélèvera les 70% d'impôt avant qu'on ait fini de remonter la ligne! Ce coquin de requin dormira repu.
Une forte houle revient en soirée rendre le bateau inconfortable.
Jour 11 - un 27 ! La mer s'apaise, le vent se stabilise et Liberdade aussi. Au menu : thon jaune cru à la tahitienne avec un petit Jurançon frais. 166° Ouest, ce soir on change de fuseau horaire pour une dernière fois: GMT-11h soit -13 avec Paris. Véro a terminé les voiles d'ombrage du cockpit, la classe! Et des housses de coussins toutes neuves en prime.
Jour 12-13-14 Le vent est revenu. On taille enfin la route. Après toutes ces années de navigation, je suis toujours en admiration de notre fidèle équipier Sam (régulateur Windpilot), qui tient la barre 24h/24. Toujours sobre, infatigable, souvent précis, il râle parfois un peu mais c'est souvent bien fondé.
En ce 30 Mai (deuxième semaine), on approche de la dorsale océanique des Tonga, avec des fonds qui passent de -5000m à -30m par moment. On va essayer de passer au bon endroit.
Jour 15 Nous voici à 300 Miles environ de l'arrivée, entre les Tonga et les Fidji. Le ciel est gris et une petite bruine s'installe pour la matinée. L'eau a perdu 1° pour passer à 29°c! La combi va devenir obligatoire. 12h30, l'apéro se dessine à l'horizon quand tout à coup l'alarme collision retentit ! Rapide coup d'oeil sur la carte et effectivement, l'électronique indique un navire faisant route sur nous. Nous bondissons comme un seul homme sur le pont et là, stupeur, rien! Une ligne parfaite sur 360°. L'angoisse s'installe. Les minutes passent et l'alarme qui veut pas se taire. Quelques secondes avant la catastrophe annoncée, une minuscule bouée de DCP (Dispositif Concentration Poisson) longe Liberdade. Un DCP dérivant qui se balade tranquillement au milieu du Pacifique. Ces systèmes sont parfois équipés d'émetteur AIS permettant au navire pêcheur de les localiser. On les trouve généralement aux abords des iles par 1000 m de profondeur max. Celui-ci s'est fait la malle a priori. J'imagine la même scène de nuit!
Jour 16 On capte Radio Fidji sur la bande AM. Un peu de musique locale, pour le reste, le fidjien est dépaysant ! Fini les Iaorana, Maururu et Nana polynésien pour le bonjour, merci et au revoir, place à Bula, Vinaka et Ni sa moce... On doit ralentir. Arriver un dimanche , ça le fait pas pour les autorités et engendre des taxes overtime. Pédale douce donc.
Jour 17 Ce soir vendredi, c'est pizza mais surtout nous allons vivre un événement exceptionnel : franchir la ligne de changement de date. Nous irons nous coucher en GMT-11h (Heure Samoa) et au réveil demain nous serons Dimanche en GMT+12h (heure Fidji), le Samedi passe à la trappe !
Jour 18 Nous voici sur KORO SEA, devant la baie de Savusavu (Ile de VANUA LEVU), sous un ciel Irlandais.
Bo
Fin du parcours: trouver un mouillage, faire les formalités. Retour dans le monde terrestre. Encore une belle nav.
Evidemment, comme chaque arrivée est riche en émotions, au moment d'utiliser le moteur pour se faufiler dans Nakama Creek, une goupille qui donnait des signes de fatigue en profite pour lâcher, rendant la propulsion inexistante ! Heureusement on arrive toujours à faire des miracles avec des bouts de ficelle (en dynemaa quand même), et nous arrivons à bon port.
