15 Aout: nous voici donc le long de la cote ouest de Madagascar.
Nous avons évité Nosy Be au nord, son tourisme et ses autorités, et nous nous glissons donc discrètement plus au sud dans le lagon.
Navigation difficile mais agréable. Impossible de nuit à cause des centaines de pirogues sans lumière et leurs filets. Vents dominants contraires sauf thermiques.
Nous arrivons a progresser quelques heures par jour. Le trait de cote et ses îles est magnifique et grandiose.
C'est le paradis de la pirogue à voile et à simple balancier! Aucun moteur içi contrairement à l'Indonésie. Ce sont des pro, on se fait doubler en permanence même par 25 nds de vent alors qu'ils sont à 6 dans une pirogue de 8m, 10cm au dessus de l'eau . La construction de ces engins est incroyable de technicités rudimentaires comme on le verra dans un village, et les virements de bords plus que complexe au regard de nos équipements modernes.
Mais tous n'ont pas les moyens d'avoir une voile, alors la pirogue se simplifie et reste juste la pagaie, et une volonté incroyable qui force le respect au regard des distances parcourues.
Un jour alors que Liberdade file 7,5 nds vent 25 nds travers, un insolent solo sur sa grande pirogue à voile nous double à plus de 10 nds. La barre dans une main et l'écope dans l'autre.
Le coût de la vie içi est dérisoire pour nous. 1,2€ le repas de poisson copieux dans une "gargotte" de village. Mieux qu'en Indonésie! Le demi à 40 Cent. La langouste 1€ pièce.
Nous avons parfois un peu de réseau en 2G comme au Gambier.
Antany Mora - première escale civilisée dans le lagon.
Un charmant village de 400 âmes avec des plages magnifiques.
Nous rencontrons Jean-Jacques (retraité de la banque) et sa fille Daniella qui tient une épicerie restaurant. visite du village et de son école (4 classes primaires pour 3 enseignants) Il nous raconte que comme il n'y a pas de "banque" sur l'île et que la "magique card" n'existe pas içi, chaque mois les enseignants vont chercher leurs salaires en cash sur la grande ile : départ en pirogue le mardi et retour le vendredi, les 3 ensembles ! Donc les enfants ont l'école 3 semaines par mois...Le professeur est seigneur encore, comme le médecin (mais y en a pas:-)
Amis voileux, si vous passez par là, demandez Jean-Jacques ! Il a une chouette petite bibliothèque de 5 ou 6 livres en français dans sa case. Et il échangera volontier ses ouvrages avec de nouveaux, histoire de varier son univers littéraire et travailler son français.
Une pirogue en construction attend impatiente auprès de la case du pêcheur. A priori chaque pêche construit SA pirogue, pas de chantier naval !
Moramba Bay - baie de la tranquillité, protégée des 4 coins et d'une beauté remarquable, aussi bien minérale que végétale.
Entre les lémuriens et les baobabs préhistoriques, on ne sait que regarder. Des plages partout, avec ou sans petit village. Nous assistons à la construction d'une case haut de gamme avec un simple coupe-coupe. Choisir une plage pour le picnic est un vrai challenge tellement le choix est vaste. Chaque soir le ciel s'embrasse donnant sur la grande terre des couleurs aux nuages de chaleurs incroyables. 2h plus tard, il ne reste qu'une voute céleste complète et majestueuse.
(impossible a prendre en photo depuis un bateau que se dandine ;-)
Nombre de baie sont des delta de rivières boueuses, ocres. Difficile de trouver un coin d'eau claire. La dernière sera Boina Baie. Nosy Antseranandava exactement.
C'est là que nous prendrons la décision de décaler notre programme. On est bien içi et, avant l'heure, c'est pas l'heure! L'été austral n'est pas encore là, les cartes météo défavorables se succèdent. Nous devons attendre avant de traverser le canal du Mozambique. Mieux vaut attendre içi que sous la pluie en Afrique du Sud, même si là-bas c'est intéressant aussi. Nous allons donc faire nos formalités pour sortir de la clandestinité ($$$$) et décaler d'un mois le passage vers l'Afrique. En route pour Nosy Be, on retourne jouer avec les vents thermiques très puissants parfois et instables souvent.
La suite au prochain épisode...